Retour sur le régional TAR 2025, pendant lequel le TOV s'est distingué, avec 11 médailles individuelles (dont 4 en or) et 6 médailles en équipe.
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L'équipe armes de poing du TOV
Les épreuves racontées par Stéphane :
Epreuve 830, précision mai 2025
Samedi matin, Montalieu, ce sont les régionaux TAR.
Il est 8h30, le temps est couvert, il ne fait pas trop froid mais l’air est humide, il a plu dans la nuit. On arrive sur le pas tir, moi, Niko et Gokhan. Nous sommes les premiers, les arbitres s’affèrent encore à préparer l’épreuve.
On jette une œil sur le plan de tir et on rejoint notre poste.
Je m’imprègne des lieux et je regarde la mise en place des cibles.
Je suis concentré mais j’essaie de ne pas me mettre trop de pression, même si pour moi l’enjeu est important (j’ai une âme de compétiteur, on se refait pas). Il est le résultat de toute une année de travail et d’investissement, tous les samedis, par temps de pluie ou dans le froid pour avoir la possibilité de participer pour la première fois de ma vie aux championnats de France.
L’objectif est d’autant plus important que ça sera peut être ma dernière possibilité d’y participer avant plusieurs année car l’année prochaine va être très compliquée, nous n’auront plus de stand pour nous entraîner (on essaie de ne pas y penser mais ça reste toujours quelques part dans la tête) et il y a le risque de voir un groupe soudé, qui partage de bon moment et que j’ai grand plaisir à retrouver chaque semaine, se dissoudre. Et puis on pense au coach qui s’est investit toute l’année, à qui on a envie de rendre hommage par nos résultats.
Niko, Gokhan et moi n’échangeons pas un mot, nous sommes concentrés sur notre match.
Sam, Fab, Vincent sur le pas de tir
Un des arbitres passe nous voir et nous demande de faire passer nos armes au contrôle. Nous nous exécutons et nous rendons vers l’entrée du stand ou deux arbitres sont assis à une table.
Nous présentons tour à tour nos pistolets qui sont examinées pour vérifier leurs conformité. Premier petit moment de tension, même si je sais que mon arme est conforme. L’arbitre teste le pression de déclenchement en positionnant un poids sur la queue de détente de mon pistolet. Il ne déclenche pas. Ouf, ça passe. L’arbitre appose la pastille de contrôle sur mon arme et nous retournons sur le pas de tir rejoindre nos postes.
Maintenant les autres participants arrivent petit à petit.
Ça y est, nous sommes au complet. Un des arbitres récupère les feuilles que nous avons remplis tandis qu’un autre contrôle nos munitions
L’arbitre, équipé de son micro, nous annonces les règles et les conditions de match.
C’est notre première épreuve, le 830, pistolet revolver. La première épreuve est la précision. Deux matchs de 7 minutes pour tirer deux chargeurs de cinq balles pour chaque match.
L’arbitre annonces les trois minutes de préparation.
Je me retourne et je constate avec plaisir la présence du reste de l’équipe venue nous soutenir avec leurs jumelles à portées de main pour voir nos résultats. C’est ce qu’il y a de beaux dans ce groupe. Chacun soutiens les autres et se soucis de la réussite de ses partenaires. C’est réconfortant.
Je sors mon armes, prépare mon matériel et je prends ma position.
L’arbitre annonce « CHARGEZ ». la tension monte d’un cran. J’enclenche mon chronomètre et je poursuis ma séquence de préparation comme répété à l’entraînement. La mécanique s’enchaîne automatiquement.
L’arbitre nous a annoncé le tir de 5 balles d’essais en trois minutes. Je suis conscient qu’il s’agit d’un moment important du match qui va me permettre de déterminer le positionnement des mes impacts par rapport à la lumière, à la visée, au ressentie de l’instant présent.
L’ordre « TIREZ » est donné. Je suis un peu surpris, je n’ai pas terminé ma séquence de préparation, j’ai l’impression que l’arbitre n’a pas respecté la minutes de préparation.
Je raccourci ma séquence et procède à une forte inspiration et expiration.
Je fais mon premier tir. J’ai l’impression de ne pas encore être « conscient » de ce que je fais et de subir mon tir et la détonation. Je constate que mon premier impact est dans le blanc.
Je reprends mon deuxième tir. Je monte mon arme au dessus de la cible en prenant une grande inspiration. La pression de mon doigt est sur la bossette. Je redescends en cible en soufflant lentement et je me « tasse » sur moi-même pour bien prendre ma position. J’arrive sur le visuel noir de la cible. Je positionne mon guidon à l’endroit déterminé lors des précédents tirs à l’entraînement pour faire un 10. Ce n’est pas évident car mon guidon et noir sur fond noir. Je vérifier l’alignement du guidon et du cran de mire pour que tout soit centré. Je prends un peu de temps, j’ai naturellement le guidon qui se décale sur la droite. Je bouge légèrement mon poignet sur le ramener au centre. Une fois bien positionnée, je bloque ma respiration et je commence à appuyer lentement sur ma détente. Mon bras n’est pas totalement immobile, il bouge naturellement et se déplace de haut et bas et de gauche à droite entre les zones du 10 et du 8 ou 9. Lorsque je sens que mon guidon est sur le 10, je termine ma pression du doigt pour que le coup parte.
Je suis dans le noir mais je ne sais pas si c’est un 10, un 9 ou un 8.
Je procède à mon troisième tir, mon appui terminal sur la détente s’est fait alors que mon guidon était légèrement sur la gauche. Je suis dans le blanc à 9 heures, ça doit être un 6 ou un 7.
Je procède au tir de ma 4ème et ma 5ème balle qui me semble correct. Effectivement je constate que je suis dans le noir mais je ne distingue pas mes points, il faut que j’attende la fin du tir d’essai pour vérifier mes impact à la jumelle.
L’arbitre annonce la fin du tir. Je mets mon arme en sécurité, je me retire du pas de tir et je prends en main mes jumelles, impatient de voir mes impacts.
Je confirme mes deux mauvaises balles mais cela ne m’inquiète pas car j’ai identifié mes fautes et que les balles ou j’étais « bien » sont dans le noir. Je suis tout de même un peu déçus je pensais avoir fait un meilleur groupement. Mes impacts sont dans le 8 à 9 heures, le 9 à 6 heures et le 9 à trois heures, je suis quand même rassuré, l’endroit de ma prise de visée et bonne il faut simplement que je centre plus.
Les arbitres ont rebouché nos impacts et nous invite à rejoindre nos postes de tir.
Ça y est le match va vraiment débuter. La pression monte encore un peu.
« CHARGEZ ». Je reprends ma séquence. De nouveau je suis surpris. J’ai l’impression que l’arbitre ne respect pas la minute de préparation au moment où il annonce « TIREZ ».
Je me sens pas tout à fait prêt je fais une dernière monté d’arme et une visé.
Je redescends et je procède à ma séquence de tir comme annoncé précédemment.
Le coup part et….mince, mon impact est dans le blanc à 5 heures à la limite du noir.
Je me reconcentre, j’inspire et j’expire lentement et je reprends mon tir.
La suite de mon tir me semble être correcte même si je sens que je tremble un peu plus qu’à l’entraînement.
Mon premier chargeur est terminé, je regarde mon chrono, j’ai passé les 3 minutes de quelques secondes, j’ai le temps, je peux continuer sur ce rythme. Je garde ma position bien ancré au sol, je garnis mon deuxième chargeur, je fais attention à ma prise en mains et je reprend mon tir.
Je termine mon deuxième chargeur sans trop de difficulté, mais je ne suis pas super confiant non plus. J’ai sentis avoir forcé sur ma queue de détente une fois ou deux mais je n’ai pas d’impact dans le blanc.
Je suis à un peu plus de six minutes. Je laisse mon chrono tourné et j’attends avec impatience les 7 minutes pour vérifier mes points.
L’arbitre annonce la fin du tir. Je saisie mes jumelles...84 points… ce n’est pas trop mal j’ai limité la casse.
Nous allons attaquer notre 2ème carton. La pression se fait toujours sentir. Il faut assurer le 2ème carton, prendre un maximum de points avant les gongs.
L’arbitre annonce le chargement des armes, j’écourte ma séquence afin d’être prêt à l’ordre de tir.
« TIREZ ». Je reprends ma procédure, ma visé est pas mal, je tente d’appuyer plus loin que la bossette. Mon doigt ne bouge pas, je tente de forcer un peu plus. Il n’y a rien à faire, rien de bouge, je crois que l’on appelle çà « le doigt de bois ».
Je redescends, je prends des respirations profondes et je remonte en cible. Même problème… je tente de forcer un peu plus mais ma main se met à trembler fortement, je risque d’être dans le blanc voir hors cible. À trois reprises je redescends, reprend ma visé, tente de faire partir mon tir. Rien à faire.
Je regarde mon chronos… 2 minutes 40, JE N’AI TOUJOURS PAS TIRE UNE BALLE. Je commence à paniquer.
Je reprends ma séquence de tir. Doigt bloqué, main qui tremble lorsque je force… il faut que je me libère de cette pression… tant pis je tir.
Le coup part, c’est un cinq.
Deuxième balle, un fort stress est toujours là, je redescends encore une fois. Je remonte, je prends ma visée la pression est là mais moins intense mais je dois tout de même forcer sur ma détente, le coup part et c’est à nouveau un cinq….
A ce moment là je sais que mes chances pour participer au championnat de France sont fortement compromissent.
Troisième balle, un blanc. Un 5 ou un 6 cela ne compte plus, il faut assurer les points pour sauver les meubles avant l’épreuve des gongs.
Mes deux dernières balles sont plus simples je n’ai plus ce problème de doigt bloqué. Mes deux derniers impacts sont dans le noir.
Le tir de mon deuxième chargeur se déroule avec moins de difficulté mais je suis pris par le temps que j’ai perdu sur ma première balle. Je peux prendre moins de temps en visé et sur mes temps de décontraction et de reconstruction entre chaque tir.
Fin du tir. Je termine à quelques secondes du temps réglementaire.
Je suis très déçu, je prends mes jumelles… 77 points….
Je suis en colère contre moi et ce deuxième carton. Cela me met d’autant plus de pression pour les gongs où il va falloir que je fasse un score de dingue pour espérer atteindre les minimas pour les France.
Je me retourne vers les collègues venue nous soutenir. Leurs visages sont graves et étonnés. Ils sont déçus pour moi. On échange et on débriefe sur l’épreuve. Je leur demande les résultats de Niko et de Gokhan. Ils sont bons, ça me réconforte et je suis content pour eux et le club qu’ils représentent.
Le TOV en force
Epreuve 830, Gongs
La précision vient de se terminer. Les résultats ne sont pas bons mais il faut se remobiliser pour la suite de l’épreuve 830, les gongs. Deux séries de 5 gongs à tirer en 20 secondes et deux séries de 5 gongs à tirer en 10 secondes
Je suis plus confiant que pour la précision. J’ai beaucoup travaillé à la maison sur le rythme de tir de cette épreuve. J’ai mis en place un système de décompte dans ma tête (cette technique a plutôt bien marché sur les deux derniers entraînements) pour pouvoir optimiser ces 20 secondes. Ne pas tirer trop vite pour assurer ses cinq gongs et ne pas dépasser le temps imparti. Idem pour les séries en 10 pour ne pas se précipiter et rater ses gongs.
En 10 secondes, on a très peu de temps pour s’appliquer, il faut être solide et sûr de son tir car le moindre geste parasite ne pardonne pas.
Même si le gong fait la taille de la zone du 8 d’une cible C50, cela reste tout de même une épreuve à part, redoutée par beaucoup de tireur. Elle est importante et radical et il n’y a pas d’essai. C’est 10 points par gong tombé sinon rien.
Les arbitres ont retirés les cibles précision et mis en place les gongs. Je suis retourné à mon poste de tir, je regarde mes gongs. Je suis rassuré la lumière est bonne, pas trop sombre, pas trop clair. Pas de risque d’être ébloui par le blanc des cibles. Je fixe mes cinq gongs et imagine mon tir. Le stress monte, ballotté entre l’impatient de commencer l’épreuve et l’obligation de faire un excellent score. L’arbitre principal nous explique le déroulement de l’épreuve. Afin qu’il n’y ait aucune réclamation il teste devant nous le basculement des gongs. « Si le gong est touché mais qu’il ne tombe pas, les points ne seront pas accordé », l’ambiance est posée !
Ça y est l’arbitre annonce « CHARGEZ ». J’ai une minute pour me préparer.
Je garnis mon chargeur, je prends mon arme en faisant attention à ma prise en main et je prends ma position, bien ancré dans le sol.
Je fais une première monté avec une visée sur le gong 1 et je compte dans ma tête « 1..2..et..3 ». Sur 1..2 je prends ma visée au centre du gong, j’aligne mon guidon et mon cran de mire. Mon doigt est sur la bossette depuis la montée en cible. Sur le décompte « et...3 » j’exerce une pression lente et sans à coup sur ma queue détente. J’effectue un tir à sec, mon guidon ne bouge pas.
Je refais une monté en comptant toujours dans ma tête en passant du gong 1 à 4 et au 5ème j’effectue un tir à sec.
Je charge mon arme, je fais une dernière prise de visé sur le 1er gong, je redescends mon arme puis j’inspire et j’expire profondément. J’attends l’ordre « ATTENTION » qui arrive rapidement.
7 secondes avant le tir. La pression monte, je compte jusque 6 pour ne pas être surpris par l’ordre de tirer.
« TIR ». Je monte mon arme en cible et déroule ma séquence. J’entends un « bing », je sais que mon gong est touché, je passe au gong suivant jusqu’à la fin de la série. Je sens que j’ai un rythme régulier. Mon dernier gong tombe et j’entends, malgré mon casque, des applaudissements. Je regarde l’ensemble des gongs du pas de tir et je constate qu’ils sont tous tombés. L’ensemble de notre série a fait 50 ! Je comprends que le niveau est très élevé et que ça ne va pas être simple de sortir du lot.
Deuxième série en 20 secondes. Je réitère ma séquence. Je me rends compte que mes 4 premiers gongs sont tombés. En une micro seconde mon cerveau m’interpelle « attention assure le dernier gong ». Je prends plus de temps sur ma visé pour assurer mon tir… je rate ma cible. Je suis en colère contre moi. En voulant trop bien faire, j’ai cassé mon rythme ce qui est probablement la cause de mon loupé.
Première partie de l’épreuve, 90 points sur 100. Je reprends un peu d’espoir pour mon classement.
Deuxième partie de l’épreuve, les 10 secondes, c’est là que tout va se jouer, j’en suis conscient. J’ai la pression mais je tente de me persuader que ça va aller.
L’arbitre annonce « CHARGEZ », la série des 10 secondes a débutée.
Je reprends ma préparation comme pour les séries précédentes, à la différence que le décompte dans ma tête est différent par rapport au temps de tir.
Dorénavant, lors de mes visés je compte dans ma tête « 1 et..2». Sur 1 je prends ma visée sur la moitié supérieure du gong, comme définis à l’entraînement. J’aligne mon guidon et mon cran de mire. Mon doigt est sur la bossette depuis la montée en cible. Sur le décompte « et...2 » j’exerce une pression lente et sans à coup sur ma queue détente puis je passe rapidement au gong suivant.
Le déroulé avant le tir se passe comme pour les séries de 20 secondes.
Le tir débute, je prends ma visé comme dans la préparation, j’appuie sur la détente. Je n’entends pas de « bing ». Machinalement mon regard se porte sur le gong qui n’est pas tombé. Je retente un tir sur le même gong. Raté. Je me souviens de ce qu’on avait dis à l’entraînement. Ne pas rester sur le même gong. En effet, il peut mettre plus longtemps à tomber mais c’est aussi le risque de reproduire la même erreur. En passant au gong suivant on ne perd pas du temps à regarder sa cible et cela permet de rester concentré sur sa séquence de tir suivante.
Je passe au gong 2 raté. Je tombe le gong 3 et je ne touche pas le gong 4.
Je suis dépité, je ne comprends pas ce qu’il s’est passé ni mon erreur. Là je sais que c’est terminé je ne ferai jamais le nombre de points suffisant pour être bien classé. Mais je me remotive, c’est la fierté qui parle, « je ne peux pas rester sur un tel échec ».
Difficile mais je tente de me reconcentrer pour la deuxième série de dix secondes.
Je reprends toute ma procédure d’avant tir. C’est repartis, premier gong, raté, je passe immédiatement au second, raté, inconsciemment je retire sur le deuxième gong, raté, je passe au troisième que je touche, j’arrive au 4ème gong, je ne compte plus dans ma tête, je n’ai plus rien à perdre, je prends plus de temps pour assurer mon tir. Je touche le gong qui tombe. Instinctivement je passe sur le cinquième gong mais mon tir et terminé, je n’ai plus de munition.
A la fin de ce tir je suis très déçu car je sais que je peux faire mieux et surtout je n’ai pas pu identifier mes erreurs. Peut-être ai-je anticipé mes tirs ce qui à fait descendre ma visée, est-ce que ce sont des coups de doigt dû au stress, il faudra voir ça sur les prochains entraînements pour le corriger. Pour l’instant il faut digérer la déception.
Heureusement il me reste une épreuve pour tenter de me qualifier. Le 831, la vitesse réglementaire.
Je n’ai pas longtemps à attendre la séance est dans l’heure qui suit ce qui me permet de souffler un peu sans trop se déconcentrer.
Je ne m’étalerais pas sur cette épreuve car le déroulement de l’épreuve, la préparation et ma séquence de tir est la même que pour les gongs.
Ma séance d’essai est décevante. Je n’ai pas réussi à faire un groupement et mes impacts sont très éloignés les uns des autres. Je suis loin de ce que je fais en entraînement. Ce résultat ce reproduit sur mon épreuves des 10 secondes (78 points contre 91 en vingt secondes) sans que je puisse identifier le problème. Peut-être qu’à certains moments j’ai sentis que j’appuyais plus fermement sur ma queue de détente. Beaucoup d’interrogation alors que la séance que j’avais faites le mercredi précédent s’était plutôt bien passé.
Je termine avec 169 points, loin de mon objectif de 178 points.
Je sais que maintenant tout s’arrête là.
Ce qui me révolte c’est que je ne sais pas quand je pourrais retenter ma chance car sans stand comment penser pouvoir progresser, voir maintenir son niveau.…
On va tenter de se réconforter sur, je l’espère, les bons scores des collègues et ramener de bons résultats au club. Maintenant à mon tour de jouer mon rôle de soutient à l’équipe même si la déception est grande car je ne pourrais pas partager de bon moment avec eux au France.
Olivier
Jean Pierre
Les épreuves par Nikolas :
Les départementaux, c’est le passage obligé vers les régionaux, et cette année, l’enjeu est de taille. Les possibilités d'entraînement se restreignant pour la prochaine saison, une qualification au championnat de France pourrait se révéler bien compliquée. Il faut donc faire au mieux cette année. Alors, malgré mes bonnes résolutions, le stress s’installe insidieusement à mesure que la semaine avance. L’épreuve se déroulera, comme chaque année, au stand de Montalieu en Isère. Un terrain connu, certes, mais où chaque compétition réserve son lot de surprises.
Pour corser le tout, je me retrouve à tergiverser sur un choix crucial : 9x19 ou 7,65 parabellum pour le pistolet/révolver (P/R) et la vitesse réglementaire (VR) ? Mon cœur balance, mon esprit hésite. Le 7,65 me rassure après mes derniers essais, mais j’ai passé l’année à tirer avec du 9x19… Dilemme ! Finalement, pourquoi choisir ? J’emporte les deux calibres et les munitions qui vont avec. On verra sur place, au gré de l’inspiration et des sensations.
Après une nuit trop courte, le réveil sonne à 6h30. Direction le chemin le long du Rhône pour une marche matinale, histoire d’évacuer le trop-plein de tension. Le ciel est gris, quelques gouttes tombent avec parcimonie, comme pour ajouter une touche dramatique à l’atmosphère. La musique dans les oreilles, quelques instants de méditation, et me voilà prêt à affronter la journée.
Gokhan et Fab
Première épreuve : le P/R 830 avec Stef et Gokhan, dès 9h. Tirer si tôt ? Pas idéal, mais avec quatre épreuves à enchaîner, il faut s’adapter. Après le contrôle des armes et la mise en place, ça démarre sans préambule. Je charge les cinq cartouches d’essai et là… surprise ! Mon nouveau rechargement envoie mes deux premières balles bien trop haut. Mais un bon tireur sait s’adapter, me répète toujours mon coach. Alors je corrige ma visée plus bas et je retrouve une zone de tir respectable pour ces essais. Mais franchement, tester un rechargement un jour de compétition… quelle idée ! Je décide donc de revenir à mes cartouches habituelles pour le match.
Deux séries de dix balles plus tard, la phase de précision est terminée. Je ne regarde pas à la jumelle, c’est une habitude. Savoir que je peux faire mieux ne changera rien à ce qui est déjà inscrit sur la cible. Je préfère conserver ma concentration. Puis vient l’épreuve des gongs, ce moment où chaque plaque métallique devient une barrière entre moi et un bon score. Les deux premières séries en 20 secondes ? Parfaitesl ! 100 points. Mais les séries suivantes en 10 secondes sont une autre histoire… Une première série ratée, seulement deux gongs tombés. Et sur la seconde, voilà que mon pistolet décide de me jouer un mauvais tour : une cartouche mal chambrée ! Un rack éclair (dédicace à Fab), j’enchaîne, et par miracle, quatre gongs tombent malgré cet incident. Presque une prouesse ! Mais pas assez pour battre les tireurs de Haute-Savoie, redoutables à ce jeu. Encore une fois, l’oubli de contrôle de mes munitions me joue des tours. La cartouche mal chambrée avait un défaut que je n’avais pas vu.
La cartouche fautive
Heureusement, l’épreuve P/R 832 arrive pour tenter de me rattraper. J’ai été le premier dans la Drôme à tirer cette épreuve en 2022 et depuis elle s’est développée, notamment dans l’équipe du TOV. Cette discipline exige de tirer avec des armes authentiques, et depuis cette année, j’ai troqué mon Colt 1911 pour un Lahti L35 finlandais. Un choix calculé : ses organes de visée conviennent bien mieux à ma (mauvaise) vue, et son calibre est plus économique. Mais voilà qu’un nouveau défi surgit… Mon Lahti tire étrangement à gauche. Un phénomène que j’avais vaguement remarqué à l’entraînement, mais que je n’avais pas pris au sérieux, mettant celà sur la prise en main, ou la position du doigt sur la détente. Grosse erreur ! Je vais donc devoir compenser en visant sur le bord droit du visuel.
Les tirs s’enchaînent, et malgré cette contrainte, je décroche deux scores honorables en précision (2 x 85). Vient ensuite l’épreuve des gongs. Concentration maximale.Deux séries en 20 secondes impeccables. 100 points. Puis la série en 10 secondes… qu’il ne faut surtout pas rater. Je prends mon temps, ajuste soigneusement ma visée sur le bord droit, et ça tombe… sauf un seul gong. Une balle peut-être passée au-dessus à cause du mouvement. Rien de dramatique, je me ressaisis pour la dernière série, et cette fois… Bingo ! Cinq gongs abattus. Total : 360 points, mon record personnel vient de tomber. Un podium semble se dessiner, et qui sait, peut-être même une médaille d’or.
Après une pause bien méritée et un repas sur place (merci à l’accueil chaleureux du stand de Montalieu !), j’aborde la VR. Un brin plus détendu, je me permets un coup de folie : changement de calibre, passage au 7,65 Para avec mon Sig P210. Excellente décision en théorie… sauf que la série en 20 secondes me piège avec un modeste 92 points. Mais je me rattrape en 10 secondes avec un superbe 95. À peine le temps d’analyser mon score qu’il faut déjà filer tirer la carabine militaire match (823) avec Sam.
Mais cette épreuve-là… Je la sens mal. Non seulement je ne m'entraîne jamais à cette discipline, mais en plus toute mon énergie a été dépensée sur les épreuves d’armes de poing, et la fatigue me rattrape. Les essais sont corrects, mais à l’allongée, un mal de dos commence à se faire sentir. La posture est mauvaise, les appuis incertains, et je peine à trouver mes repères. Les tirs ne sont pas bons, je le sais. Et pour la vitesse debout ? C’est encore pire… L’arme bouge plus que d’habitude, ma concentration flanche. Un simple échange de regard avec Fab qui nous observe, et je comprends qu’il a constaté la même chose. La sanction est immédiate : résultat médiocre : 177.
La journée s’achève, mais le suspense reste entier. Les meilleurs tireurs seront là le dimanche, et rien n’est joué. L’authentique me rassure, mais pour le reste, la qualification au championnat de France est encore incertaine. Une chose est sûre : j’ai appris de mes erreurs cette année. Chaque compétition est une occasion de perfectionner la préparation, la concentration et les choix techniques. Et surtout, il y a cette équipe soudée, cet esprit collectif qui fait toute la différence. Ici, pas de solitude au poste de tir. On s’encourage, on partage, on rit… et c’est aussi ça qui mène à la victoire. L’union fait la force, et quelle que soit l’issue, je sais déjà que cette expérience en vaut la peine.